La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) vient de franchir une étape décisive dans sa lutte contre l'aggravation des crises humanitaires et climatiques régionales en organisant, pour la toute première fois, une réunion ministérielle conjointe sur les déplacements forcés, l’atténuation de la vulnérabilité et la résilience au changement climatique.
Cette rencontre, tenue par vidéoconférence, a rassemblé les ministres chargés de la gestion des risques de catastrophe, du changement climatique ainsi que l’Organe de coopération en matière de politique, défense et sécurité. Cet événement témoigne de l’engagement et de la détermination de la SADC à venir à bout de problématiques étroitement liées et qu’il faut instamment traiter en Afrique australe et ce, par le biais d’une action régionale unifiée.
Dans son allocution d'ouverture, l’Honorable M. Daniel Garwe, président du Comité des ministres de la SADC chargés de la gestion des risques de catastrophe et ministre de l'Administration locale et des Travaux publics du Zimbabwe, a souligné le caractère urgent de la situation actuelle. « La vulnérabilité s’accroit dans toute la Région », a-t-il indiqué en poursuivant que c’était « sous l'effet de l'instabilité sociopolitique, des difficultés économiques et de la dégradation environnementale ». Il a plaidé en faveur de la mise en œuvre opérationnelle du nexus humanitaire-développement-paix, de l’amélioration des systèmes de données et a souligné l’importance dans l’investissement dans la résilience régionale.
Selon les évaluations récentes menées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 11,4 millions de personnes dans la région de la SADC sont actuellement contraintes au déplacement, soit une augmentation de 34,5 % depuis 2023. Ce bilan fait état de plus de 10,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et 1,2 million de réfugiés et demandeurs d’asile, les déplacements étant en général provoqués par les conflits, les troubles politiques et les phénomènes climatiques extrêmes tels que les sécheresses et les inondations.
La République Démocratique du Congo demeure le principal point de départ des déplacements dans la Région, tandis que des pays comme le Malawi, le Mozambique, la Zambie et le Zimbabwe sont concernées par des migrations généralisées en raison des effets d’El Niño. À Madagascar, une sécheresse prolongée, exacerbée par les changements climatiques au cours des dernières années, a provoqué des migrations internes et accru les tensions au sein des communautés d'accueil.
Le Secrétaire exécutif de la SADC, S.E. M. Elias Magosi, a souligné que ces crises enchevêtrées les unes dans les autres requièrent des solutions intégrées et reposant sur des données fondées. « Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques ; ils représentent des vies humaines bouleversées par des risques qui se suivent et se multiplient », a-t-il affirmé, réitérant l'impératif d’assurer une coordination
intersectorielle, de proposer un financement flexible et de mettre en place des systèmes de données renforcés.
Pour traiter ces questions, les ministres de la SADC ont entériné la création d'un Programme régional sur les déplacements forcés, l'atténuation de la vulnérabilité et la résilience climatique. Cette initiative s’appuiera sur le nexus ou lien humanitaire - développement - paix et privilégiera les mesures suivantes :
· L’utilisation de systèmes de gestion de l'information et d’analyse des données.
· La mobilisation des ressources, y compris la concertation avec les acteurs du financement de l’action climatique et le secteur privé.
· L’intégration des personnes déplacées de force dans les plans de développement nationaux.
· Le soutien à la gouvernance régionale des risques climatiques et à la préparation.
La réunion a également constaté que le domaine financier mondial était en constante évolution et a reconnu que la Plateforme de coordination des banques multilatérales de développement sur les déplacements forcés favoriserait considérablement la mobilisation des ressources.
Comme il était prévu au terme de la réunion, les ministres ont convenu d’élaborer un plan d'action régional chiffré, d'organiser tous les deux ans des examens des progrès et de renforcer les partenariats garantissant que les réponses de la Région soient inclusives, durables et tournées vers l’avenir.
La tenue de cette première réunion ministérielle conjointe permet à la SADC de renouveler son engagement envers ses populations et de leur démontrer sa détermination, face aux bouleversements régionaux et mondiaux de plus en plus terribles, à assurer leur protection, à préserver les acquis du développement et à bâtir une résilience à long terme.