L’énergie est essentielle pour le développement en Afrique australe. Au-delà de leur utilisation dans la vie de tous les jours, les carburants et l’électricité catalysent les projets d’infrastructures qui tirent autant l’intégration régionale que la croissance économique. Au fur et à mesure que la région de la SADC avance sur la voie de l’industrialisation et de la hausse du développement humain, la production et la distribution de l’électricité gagneront de plus en plus en importance.
Consciente du rôle fondamental que joue l’énergie dans la réalisation de ses objectifs, la SADC adopta, en 1996, le Protocole sur l’énergie qui dressait un cadre pour la coopération autour des politiques d’énergie parmi les États membres de la SADC.
Protocole sur l’ Énergie
Le Protocole sur l’énergie reconnaît l’importance de l’énergie dans la poursuite de la vision de bien-être économique et d’élimination de la pauvreté en Afrique australe que nourrit la SADC. Pour réaliser ces objectifs de façon optimale, le Protocole sur l’énergie invite instamment les États membres à coopérer en matière de développement des énergies et à harmoniser les politiques, les stratégies et les procédures dans toute la région. Cette invitation part du principe que ces politiques assurent la sécurité, la fiabilité et la durabilité des approvisionnements en énergie, les États membres coopérant en matière de recherche et de développement des sources d’énergie à bas coûts, exploitables en Afrique australe. Lors de leur 41e Sommet tenue en août 2021 à Lilongwe (Malawi), les chefs d’État et de gouvernement, sur recommandation du Conseil des ministres, adopté l’Accord portant amendement du Protocole de la SADC sur l’énergie de 1996 et celui portant amendement de l’Annexe 1 du même Protocole, et ont exhorté le États membres qui ne sont pas encore Parties aux Protocoles qui sont entrés en vigueur d’y adhérer. L’amendement du Protocole sur l’énergie procédait, entre autres, de la nécessité d’éliminer et/ou de corriger les incohérences et les lacunes qu’il renfermait, de tenir compte des réformes institutionnelles qui s’opéraient et de promouvoir la participation du secteur privé au développement des infrastructures.
Plans stratégiques et progrès en cours
Depuis l’adoption du Protocole sur l’énergie, la SADC formulé plusieurs plans stratégiques pour le développement de l’énergie dans la région : la Politique et la Stratégie de la SADC pour la coopération en matière d’énergie (1996), le Plan d’action de la SADC pour l’énergie (1997), le Plan d’activité de la SADC pour l’énergie (2000) et le Plan directeur régional pour le développement des infrastructures et son Plan pour le secteur de l’énergie (2012). Autres stratégies : la Stratégie régionale pour l’accès à l’énergie 2020-2030 et son Plan d’action, la Stratégie pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique 2016-2030 et son Plan d'action, le Programme de la SADC pour l’efficacité énergétique industrielle, et le Plan directeur régional du gaz qui est actuellement en cours d’élaboration. Ces stratégies de développement énoncent des objectifs tangibles à poursuivre par la SADC et ses États membres pour développer les infrastructures dans le secteur de l’énergie et dans les sous-secteurs des combustibles à base de bois, du pétrole et du gaz naturel, de l’électricité, des énergies renouvelables et de l’efficacité et de la conservation de l’énergie.
Bien que la mise en œuvre de ces stratégies ait accusé des lenteurs, la région a réalisé des avancées majeures, en particulier dans le sous-secteur de l’électricité. À présent, neuf États membres de la SADC ont fusionné leurs réseaux électriques avec celui du Pool énergétique de l’Afrique australe (SAPP), ce qui va dans le sens de la réduction des coûts et de la création d’un marché commun compétitif de l’électricité dans la région. De manière similaire, la SADC a créé une Association régionale de réglementation de l’électricité (RERA), qui a apporté son concours à l’harmonisation des politiques de réglementation de l’énergie et de ses sous-secteurs dans la région. Si la SADC a mis en place un certain nombre d’initiatives afin d’aborder ces questions, il a déterminé trois axes de concentration, comme suit :
- la production de l’électricité: l’Afrique australe dispose d’amples ressources pour la production d’électricité, bien que, de temps à autre, les capacités de son développement lui font défaut;
- l’hydroélectricité et les énergies renouvelables : les énergies renouvelables ont crû en importance dans les marchés tant régionaux que mondiaux de l’énergie;
- l’interconnexion des systèmes régionaux de transport de l’électricité: la mise en œuvre des projets prioritaires d’interconnexion visant à relier l’Angola, le Malawi et la Tanzanie au réseau du SAPP.
Problèmes majeurs rencontrés dans le secteur de l’énergie
La région demeure confrontée à des obstacles majeurs au développement et à l’utilisation de l’énergie. Le Rapport d’évaluation du Plan directeur pour le développement des infrastructures (2019) met en exergue les problèmes suivants:
- le fait que 32 % seulement des zones rurales de la région ont accès à l’électricité;
- le fait que la SADC est à la traîne par rapport au reste de l’Afrique en ce qui concerne l’accès à l’électricité ; 50 % environ des résidents de la région y ont accès, ce chiffre étant équivalent à la moyenne pondérée de l’Afrique australe tandis que les pays d’Afrique du Nord ont atteint 100 % d’accès à l’électricité;
- les pénuries d’électricité qui mettent la région à l’épreuve depuis 2007. Il était attendu que ces pénuries seraient palliées au plus tard 2019. Cependant, des retards sont accusés dans l’exécution des projets destinés à combler ces manques faute de financements;
- les lenteurs qui ont affecté la migration vers l’application de tarifs reflétant les coûts, la préparation inadéquate des projets et les problèmes d’électricité;
- les accords d’achat et l’absence de cadres réglementaires qui retardent les investissements et les financements dans le secteur de l’énergie.
- le charbon, qui contribue à hauteur de 62 % à la production de l’électricité en Afrique australe, mais est considéré comme un facteur de réchauffement de la planète.
- les carences en infrastructures et les engagements étrangers, qui font obstacle à l’utilisation des ressources en hydrocarbures et en gaz naturel qui abondent dans la région.
- les difficultés en matière de tarification et les obstacles aux infrastructures sur le plan de la connexion des réseaux, dans le secteur manufacturier et dans la conduite de tests de la qualité, qui entravent le développement du potentiel de la région en énergies renouvelables.