Selon le Protocole de la SADC sur le genre et le développement, la violence basée sur le genre (VBG) s’entend de tous les actes perpétrés contre les femmes, les hommes, les garçons et les filles au titre de leur sexe, qui occasionnent ou pourraient occasionner à leur endroit un dommage physique, sexuel, psychologique, émotionnel ou économique, y compris la menace de recourir à de tels actes. Il peut s’agir également du fait d’imposer des restrictions arbitraires ou des privations sur les libertés fondamentales dans la vie privée ou publique en temps de paix ou pendant les périodes de conflit, armé ou autre. La VBG se manifeste, entre autres, par la violence domestique, le harcèlement sexuel au travail, la traite des personnes, les sévices sexuels et la violence émotionnelle. Il est connu qu’elle est très répandue dans la région de la SADC. Elle constitue un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité et de l’équité entre les sexes. Selon la SADC, elle est source de préoccupation majeure et la prévenir et la réduire constituent des catalyseurs pour l’instauration d’un environnement propice à une paix sereine et à la sécurité dans la région de la SADC. En abordant la VBG, la SADC reconnaît que le débat ne doit pas porter uniquement sur les actes de violence, mais également sur l’éducation, la prévention et l’assistance aux victimes.
Le Protocole
Dans sa partie six, le Protocole de la SADC sur le genre et le développement fixe un certaines nombre d’exigences à satisfaire par les États membres pour éliminer la violence basée sur le genre à tous les niveaux, à savoir:
- Édicter des lois interdisant toutes les formes de violence basée sur le genre et veiller à leur application;
- Élaborer des stratégies visant à prévenir et à éliminer l’ensemble des pratiques sociales et culturelles néfastes;
- S’assurer que les auteurs de toutes les formes de violence basée sur le genre soient traduits en justice devant un tribunal compétent;
- Veiller à ce que les lois sur la violence basée sur le genre comportent des dispositions pour le dépistage, le traitement et la prise en charge complets des rescapés des infractions sexuelles;
- Réviser et réformer les lois et les procédures applicables aux cas d’infraction sexuelle et de violence basée sur le genre;
- Édicter et adopter des dispositions législatives visant à prévenir la traite des personnes et fournir aux victimes des services complets dans le but d’assurer leur réinsertion sociale;
- Édicter des dispositions législatives et adopter et mettre en œuvre des politiques, stratégies et programmes qui définissent et interdisent le harcèlement sexuel dans toutes les sphères et établir des sanctions, propres à dissuader les auteurs de harcèlements sexuels de récidiver;
- Adopter des approches intégrées et, notamment, mettre en place des structures institutionnelles transversales ayant vocation à éliminer la VBG.
Dans le cadre de la mise en œuvre de ce Protocole au niveau national, tous les États membres ont adopté des législations qui s’attaquent à la VBG et à la violence domestique et ont formulé des plans d'action nationaux visant à mettre un terme à la VBG.
Stratégie et Cadre d’action de lutte contre la violence basée sur le genre de la SADC
Réunis en 2018 à Pretoria (Afrique du Sud), les ministres de la SADC chargés de l’égalité des sexes et de la condition féminine ont approuvé la Stratégie et le Cadre d’action de lutte contre la violence basée sur le genre de la SADC (2018-2030) de la SADC, instrument devant servir à assurer la mise en œuvre des dispositions du Protocole de la SADC sur le genre et le développement, relatives à la VBG. La Stratégie vise, au niveau régional comme national, à dresser une plateforme commune et à fournir des orientations communes pour l’adoption d’une approche holistique, coordonnée et efficace à la lutte contre la VBG dans la région de la SADC. Elle est alignée sur le instruments régionaux, continentaux et internationaux pertinents sur le genre et la VBG.
La SADC a, en outre, élaboré une Stratégie régionale de la SADC pour les femmes, la paix et la sécurité 2018-2022 et produit un Plan d’action stratégique révisé pour la lutte contre la traite des personnes, en particulier celle des femmes et des enfants (2016-2023). Ces deux documents visent à orienter les efforts entrepris par les États membres pour mettre un terme à la violence faite aux femmes et aux filles.
Traite des personnes
Si la traite des personnes concerne les personnes des deux sexes, elle continue de toucher les femmes et les enfants spécifiquement de par le monde. Chaque pays est, d’une façon ou une autre, affecté par le fléau et, dans la région de la SADC, bon nombre d’États membres sont considérés comme étant soit la source, soit la destination, soit encore un point de transit pour les femmes et les enfants faisant l’objet d’un trafic sexuel ou soumis au travail forcé. Dès 2020, quatorze (14) États membres de la SADC avaient, dans le but de combattre la traite des personnes, adopté des législations visant à réprimer la traite des personnes. Tous les États membres ont signé le Protocole de Palerme visant à prémunir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. La légifération n’est cependant qu’une première étape du combat de longue haleine à mener contre ce fléau.