Avril 5, 2024

Les ministres de l’Emploi et du travail ainsi que les partenaires sociaux de la SADC appellent les États membres à redoubler d’efforts afin d’éradiquer le travail des enfants et de promouvoir le travail décent dans la Région

La réunion annuelle des ministres de l’Emploi et du travail ainsi que des partenaires sociaux de la SADC s’est tenue les 27 et 28 mars 2024 à Lubango, en République d’Angola. Treize (13) États membres ont pris part à la réunion, à savoir : l’Afrique du Sud, l’Angola, le Botswana, la République Démocratique du Congo, l’Eswatini, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, les Seychelles, la République-Unie de Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe, ainsi que des représentants du Forum du secteur privé de la SADC (SPSF) et du Conseil de coordination syndicale de l’Afrique australe (SATUCC). Des représentants de l’Organisation internationale du travail (OIT) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) y étaient également présents. 

Dans son discours d’ouverture, la ministre de l’Administration publique, du Travail et de la sécurité sociale de la République d’Angola, l’honorable Teresa Rodrigues Dias a réaffirmé que la SADC demeure déterminée à tout mettre en œuvre pour atteindre ses objectifs, à savoir atteindre une croissance économique et un développement social et économique, établir la paix et la sécurité et éliminer la pauvreté. Un engagement qui exige des États membres de redoubler leurs efforts en vue d’améliorer l’accès à l’emploi et de promouvoir des entreprises et une productivité durables. Il importe de mener des actions qui vont dans l’intérêt de tous les citoyens de la Région, en particulier des femmes et des personnes handicapées. Par conséquent, l’honorable ministre Dias a souligné que les États membres se doivent, entre autres objectifs, de renforcer la gouvernance du marché du travail, d’améliorer l’accès à la sécurité sociale et de renforcer le tripartisme et le dialogue social. Elle a exhorté les États membres à signer et à ratifier le protocole de la SADC sur l’emploi et le travail, qui s’inscrit dans les initiatives visant à créer un environnement favorable au développement du travail décent dans la Région.

Le Secrétaire exécutif de la SADC, son Excellence M. Elias Mpedi Magosi, a souligné que le chômage et le sous-emploi constituent l’entrave au développement la plus urgente à traiter pour la Région. En particulier, le taux de chômage des jeunes qui est supérieur à 50 % dans certains pays affecte de manière encore plus grave les jeunes femmes. En outre le déficit du travail décent prédomine là où l’emploi est généralement faible. Une situation aggravée par les mauvaises conditions de travail, les systèmes de sécurité sociale insuffisants et la recrudescence du secteur informel. Reconnaissant ces difficultés profondément enracinées, le Secrétaire exécutif a appelé les États membres à privilégier des mesures pratiques et des stratégies de collaboration pour répondre à ces préoccupations. Il a réitéré l’appel lancé par le Conseil des ministres de la SADC pour mettre en œuvre des politiques macroéconomiques et sectorielles favorables à l’emploi et qui sont axées sur la transformation de la structure de l’économie. Il a en outre souligné qu’il était nécessaire de renforcer les capacités techniques et d’assurer leur mise en œuvre au niveau des pays. 

M. Magosi a souligné que la Région est composée majoritairement de jeunes, qui représentent environ les trois quarts de la population. Un chiffre qui démontre le potentiel de dividende démographique de la SADC. Pour exploiter ce potentiel, il a souligné l’importance d’investir dans les enfants et les jeunes. Et il a préconisé des mesures visant à éliminer le travail des enfants par le biais d’un accès garanti à l’éducation et d’une protection contre le travail dangereux. Il a noté que le travail des enfants demeure un fléau important dans toute la Région. Toutefois, il a félicité les progrès accomplis dans la transposition dans le droit national du Code de conduite de la SADC sur le travail des enfants, grâce à des plans d’action nationaux et des unités spécialisées dans le travail des enfants. 

En particulier, les ministres et les partenaires sociaux ont : 

  1. Noté que, depuis son adoption au Sommet de 2023, le Protocole de la SADC sur l’emploi et le travail avait été signé par la République d’Angola, le Malawi et le Royaume d’Eswatini. Ils se sont engagés à mener des consultations nationales en vue de signer et de ratifier le Protocole d’ici à 2025, notant que l’instrument contribuera grandement à promouvoir un travail décent, qu’il est fondé sur l’emploi inclusif et productif, le respect des droits au travail, l’amélioration de la sécurité sociale et le renforcement des institutions du marché du travail. 
  2. Exhorté les États membres à élaborer et renforcer la mise en place des politiques nationales de l’emploi et d’autres stratégies connexes visant à augmenter les opportunités d’emploi et réduire le sous-emploi. Pour assurer une mise en œuvre et un suivi efficaces, ils ont exhorté les États membres à produire régulièrement des statistiques sur le travail en utilisant les normes statistiques les plus récentes. Ils ont également approuvé le plan directeur de données de l’Observatoire du marché du travail de la SADC (OMT) et l’ont transmis au Comité des statistiques de la SADC pour approbation. En outre, ils ont chargé le Secrétariat d’accélérer l’opérationnalisation de l’OMT de la SADC. 
  3. Approuvé la note conceptuelle relative au programme de renforcement des capacités sur les politiques et stratégies macroéconomiques favorables à l’emploi pour les États membres de la SADC. Ce programme de renforcement des capacités a pour but de fournir un mécanisme de soutien global et à long terme dans le but de concrétiser l’engagement politique fort des États membres de la SADC  ainsi que de promouvoir et de réaliser la création d’emplois durables, en collaboration avec le secteur privé. Les ministres ont également appelé à une coopération plus grande entre le secteur de l’éducation et du développement des compétences et le secteur de l’emploi et du travail. Notamment, à travers des programmes d’EFTP (enseignement et formation techniques et professionnels) pertinents qui pourraient améliorer l’employabilité des diplômés. 
  4. Appelé les États membres à transposer dans le droit national le Plan d’action de la SADC sur la migration de la main-d’œuvre (2020-2025) en élaborant et en mettant en œuvre des politiques ou stratégies nationales en matière de migration de main-d’œuvre. Ils ont reconnu que le Protocole sur la facilitation de la circulation des personnes (2005) est d’une importance capitale. En effet, il permet de faciliter une migration sûre, ordonnée et régulière de la main-d’œuvre ; et de promouvoir le commerce, dès son entrée en vigueur. Soulignant la nécessité d’une collaboration multisectorielle pour aborder de manière globale la question de la migration, ils ont chargé le Secrétariat d’organiser une réunion conjointe des principaux ministères responsables de la gestion de la migration pour discuter de la mobilité de la main-d’œuvre dans la région. 
  5. Examiné l’état d’avancement de la mise en œuvre du Code de conduite de la SADC sur le travail des enfants et ont noté que l’impact sur le terrain restait limité. Selon les dernières statistiques disponibles, les taux moyens du travail des enfants varient de 5 % à 32 %. Les ministres ont souligné qu’il était important d’aligner l’âge minimum d’admission à l’emploi sur l’âge de l’enseignement obligatoire. Il convient de reconnaître qu’une admission précoce à l’emploi pourrait réduire le niveau d’instruction que les enfants d’âge scolaire doivent atteindre. Ils ont également exhorté les États membres à revoir à la hausse le budget alloué à la lutte contre le travail des enfants et à la collecte de données et ont demandé aux partenaires internationaux de coopération de continuer à fournir une assistance. 
  6. Approuvé le Cadre de référence pour des systèmes autonomes de résolution des conflits du travail dans la SADC, qui vise à guider la mise en place et le maintien de systèmes autonomes, accessibles, efficaces et soumis à des consultations tripartites conformément à la Charte des droits sociaux fondamentaux de la SADC. L’objectif général est de faciliter une plus grande efficacité du marché du travail, de renforcer la gouvernance institutionnelle et de permettre le recrutement et le maintien en poste d’agents qualifiés en matière de règlement des différends. 
  7. Désigné le Malawi (membre titulaire), le Mozambique (membre adjoint) et l’Afrique du Sud (membre adjointe) comme membres de la SADC chargés de siéger au Conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour la période 2024-2027 et ont demandé aux États membres de voter pour eux lors de la prochaine Conférence internationale du travail en juin 2024. Les ministres ont également examiné l’état de ratification des instruments de l’OIT qui sont considérés comme prioritaires par la SADC. À cet effet, ils ont exhorté les États membres à mener des analyses des lacunes  afin de pouvoir ratifier les instruments rapidement.

Les ministres et les partenaires sociaux ont clôturé leur réunion annuelle par une visite au Centre local de l’entrepreneuriat (CLESE) à Lubango. Ils ont également présidé une cérémonie de remise des prix au cours de laquelle 90 jeunes diplômés ont reçu des certificats, ainsi que des prêts, des kits de démarrage et du matériel pour soutenir leurs entreprises. Le centre a été créé en 2011 par l’Institut national pour l’emploi et la formation professionnelle, sous la supervision du ministère de l’Administration publique, du travail et de la sécurité sociale. Il propose des solutions sur mesure destinées à promouvoir l’entrepreneuriat et à favoriser l’innovation, la croissance et la prospérité des petites et moyennes entreprises.